L’affaire Madeleine versus l’affaire McCann

"Les principales révélations après la divulgation de 30.000 pages du dossier d’enquête de la police dans l’affaire Madeleine McCann," écrit Jon Swaine dans le The Telegraph.

Deux possibilités : soit Jon Swaine n’a pas lu les pages divulguées par le Ministère Public au Portugal, ce qu’est exactement le cas de pas mal de journalistes britanniques, soit il ne sait pas compter, et alors il est important de lui faire arriver le message que le procès compte effectivement un peu plus de 30.000 pages, mais, pour le moment, le Ministère Public n’a donné l’accès qu’à une infime partie.

Quelques privilégiés ont, éventuellement, pu connaître la totalité des 30.000 pages, mais ce n’est certainement pas le cas de Jon Swaine.

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Les témoignages de la dernière chance – comme beaucoup les ont appelés – ont été pipés par la police britannique, c’est ce que révèle le compte rendu de la police du Leicestershire, seule autorité dans cette diligence, pourtant demandé par la Police Judiciaire (PJ).

"Pendant l’interrogatoire, il m’a été permis de rafraichir la mémoire par la lecture de la version traduite de mes déclarations originales à la Police Judiciaire," c’est ce que reconnaît Catriona Treasa Sicile Baker, une des nounous de l’Océan Club. Elle a été interrogée à deux reprises le 14 avril 2008 par l’officier Gierc de la police du Leicestershire – interrogatoire enregistré en DVD – et ses réponses ont été, sans surprises, identiques à celles données aux inspecteurs de la PJ au Portugal, spécialement après avoir pu "rafraichir" sa mémoire.

C’est exactement ce que les officiers britanniques ont fait avec tous les témoins qui avaient déjà été interrogés par les inspecteurs de la PJ au Portugal dans les jours qui ont suivi la disparition de Madeleine. Partant du principe que ces interrogatoires étaient destinés à retrouver d’éventuelles contradictions et à vérifier la valeur des premiers témoignages, laisser les témoins répondre après avoir rafraichie leur mémoire ne serait"-il piper les résultats ?

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"C’est au départ d’une piste suivie par ces agents (les nouveaux détectives des McCann) que la police belge a analysé le système de vidéo surveillance de la banque KBC, à Bruxelles, où un enfant a été confondu avec Maddie," écrit le Correio da Manhã à propos de la nouvelle agence de détectives engagée par les McCann... c'est faux. Les McCann ont appris l’existence de ce témoin, un vigile de la société Securitas, par les médias britanniques. C’est d’ailleurs le The Sun qui est parvenu à publier les premières images et à fournir au couple la vidéo de surveillance de la banque.

La police fédérale belge à ouvert immédiatement une enquête pour identifier et localiser l’enfant et la femme qui l’accompagnais, mais la divulgation des images par le The Sun et les affiches distribuées dans le quartier par l’équipe du Daily Express ont permis au papa de la fillette de se faire connaître auprès de la police. Les détectives ne sont jamais intervenus dans cette histoire.

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C’est également intéressant de voir que Gerry McCann "a été étonné que des copies des dossiers d’enquête aient été données aux médias", comme il a écrit sur son blogue, le 14 août 2008. Les McCann ont deux des meilleurs et plus chers avocats du Royaume-Uni — Angus McBride et Michael Caplan. Ils ont engagé deux des meilleurs et plus chers avocats portugais : Rogério Alves, l’ancien Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, et Pinto de Abreu.

Au Portugal, il est légal et habituel de donner aux médias l'accès aux dossiers d'une enquête, ceci à trois moments distincts : quand le secret de justice est levé et le procès est abandonné, après l’accusation et avant le jugement, quand le jugement est terminé.

N'importe quel jeune avocat aurait pu dire aux avocats britanniques des McCann que, une fois que le secret de justice était levé, les médias auraient l’accès aux dossiers. Ainsi, pourquoi une telle surprise ? Personne n'aurait donc dit aux McCann, hors qu’ils demandaient chaque jour la levée du secret de justice, qu’une fois qu’il serait terminé, les dossiers seraient également disponibles aux journalistes ? Es qu’ils s’attendaient uniquement à que leurs avocats et celui de Murat soient les seuls à avoir accès aux dossiers ? Soit les avocats portugais du couple n'ont pas informé correctement leurs clients, ou alors il y a quelque chose de bizarre avec la surprise des McCann.

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L’appel fait par Gerry McCann, dans son dernier message, sur son blog est également intéressant : "Maintenant que les autorités ne recherchent plus Madeleine nous implorons tous ceux qui ont fourni des informations à l'enquête de nous contacter à investigation@findmadeleine.com ou sur + 44 (0) 845 838 4699. Nous garantirons que toute l'information sera traitée avec la plus totale discrétion. Vous pouvez nous aider à trouver Madeleine."

Que signifie-t-il "toute l'information sera traitée avec la plus totale discrétion" ? La police, britannique ou portugaise, ne sera pas informée ? Quand Metodo 3 a établi une hotline, Clarence Mitchell a insisté sur le fait que le nouveau service d'assistance téléphonique n’allait pas court-circuiter l’enquête de la police portugaise à la disparition de Madeleine. "Ceci, en effet, sera une structure complémentaire," a-t-il dit.

"Nos propres détectives peuvent poursuivre très rapidement toute piste potentielle et je voudrais souligner que toute information crédible qui parvient à l’hotline est immédiatement partagée avec les forces de police [des pays respectifs], que ce soit en Espagne, au Portugal ou en Afrique du Nord, suivant la nature de l'information. Ceci n'est pas un signe de perte de confiance. On voudrait que ce soit un exercice en collaboration avec la police."

Duarte Levy & Paulo Reis

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